African Artists for Development (AAD-fund) a conçu et a mis en place African Space Art Project (ASAP), un programme original en partenariat avec Arianespace, Eumetsat et l’Organisation Météorologique Mondiale. Le programme African Space Art Project est né d’un constat : l’Afrique est le continent qui émet le moins de CO2 et pourtant, il est celui qui souffrira le plus du réchauffement climatique. Historique, ce projet d’envergure a été lancé officiellement au Forum annuel d’Abidjan organisé par EUMETSAT le 24 septembre 2018.
En 2022, un lanceur Ariane 5 mettra sur orbite au- dessus de l’Afrique un nouveau satellite géostationnaire de troisième génération d’EUMETSAT qui permettra de surveiller les changements climatiques et météorologiques du continent africain. ASAP veut démontrer l’importance stratégique pour les peuples africains d’un tel lancement. Ce satellite et les données qu’il fournira pour le continent sont un enjeu sans égal.
ASAP incarne la première exploration artistique africaine de l’espace. En effet, ASAP s’est donné comme objectif d’orner la coiffe d’Ariane 5 d’une reproduction d’une œuvre d’art contemporaine africaine, symbole historique de la puissance de la création contemporaine africaine qui se met au service de l’avenir du continent. Cette œuvre incarnera l’image d’une Afrique moderne, ambitieuse, optimiste qui nous emmène au-delà des étoiles. Pour célébrer la mobilisation de l’ensemble de la communauté artistique africaine autour d’ASAP, l’œuvre envoyée dans l’espace – réalisée par un artiste africain – comportera dans son cadre l’ensemble des noms des artistes ayant participé au financement d’ASAP en faisant don d’une de leurs œuvres.
100 artistes contemporains originaires de tout le continent africain ont été invités à participer au African Space Art Project. Le Comité Artistique présidé par Jean-Philippe Aka et composé de Gaël Faye, Keziah Jones et Melissa Goba s’est réuni le mercredi 4 mars 2020. Chacun des membres du Comité Artistique s’était approprié le projet en amont de cette journée afin de pouvoir définir ensembles des critères de sélection précis tels que l’originalité de la proposition artistique, son impact visuel ou encore le regard qu’elle porte sur le continent africain.
La contemporanéité des projets semblait être primordial pour les membres du Comité. En effet, l’artiste Gaël Faye annonçait rechercher avant tout « une représentation originale de ce que peut renvoyer l’Afrique aujourd’hui », tandis que Keziah Jones, chanteur compositeur, espérait étudier des propositions artistiques qui « tendent à la modernité ». L’artiste et curatrice Mélissa Goba, présente en vidéoconférence depuis l’Afrique du Sud, saluait la richesse des dossiers artistiques, notamment parce qu’ils permettaient de « porter le regard sur l’avenir du continent africain ».
Le lien entre l’Afrique et l’espace n’est pas nouveau, le projet ASAP s’inscrit dans une dimension historique de longue durée comme l’a souligné Keziah Jones en faisant mention du « programme spatial zambien ». Initié par le professeur Edward Makuka Nkoloso, ce programme a vu le jour en Zambie en 1964. Il avait pour ambition d’emboiter le pas aux Etats-Unis et à la Russie dans la course à la conquête de l’espace. On pourra également mentionner le Zaïre (actuel République démocratique du Congo) qui s’était lancé en 1975 dans une aventure spatiale germano-zaïroise. L’histoire du continent africain dans l’espace n’est pas nouvelle, les artistes participant au projet ASAP la continue.
Jean-Philippe AKA, président du Comité Artistique, a conclu cette journée en soulignant l’importance de ce projet culturel pour les 54 pays du continent. Pour reprendre ses mots, le Comité venait de passer une journée au cœur de « l’Afrique d’aujourd’hui et de demain ».
Trois artistes lauréats ont été choisis par le Comité, ils soumettront leurs projets au jury d’ASAP courant 2021. Les noms des artistes ne tarderont pas à être dévoilés…